EUROPEENNES : IL FAUT FAIRE VOLER EN ECLAT LE CONSENSUS LIBERAL

Publié le 30 Avril 2014

EUROPEENNES : IL FAUT FAIRE VOLER EN ECLAT LE CONSENSUS LIBERAL

L'entretien sur les élections européennes auquel j'ai répondu dans le journal La Dépêche de l'Aube.

La Dépêche : tu seras présent sur la liste Grand Est du Front de gauche conduite par Gabriel Amard, quelles sont les raisons de ta candidature ?

Jean-Pierre Cornevin : C'est une décision collective de la direction départementale du PCF. L'Aube paie un lourd tribut aux choix politiques de l'Europe libérale. Les milliers de salariés Aubois, qui ont vu leurs usines fermer, ces vingt dernières années, ont été sacrifiés parce qu'il y a un consensus entre les forces dominantes du Parlement européen, PS, UMP,UDI, qui ont laissé perdurer la loi du fric. Pas d'harmonisation sociale = dumping fiscal et social = délocalisation = chômage. Les militants communistes Aubois ont toujours combattu cette Europe-là. Il nous a donc semblé important que l’un d’entre eux puisse porter cette parole dans la campagne des prochaines élections européennes.

LDA : Le Front de gauche est sans concession sur le bilan de la politique européenne.

JPC : Nous partageons la colère populaire. Vingt ans seulement après la mise en œuvre du traité de Maastricht, les dégâts sont immenses, les souffrances sociales terribles. Quel mensonge de la part des dirigeants de droite et du Parti socialiste, qui faisaient des meetings communs pour faire croire que ce traité allait ouvrir une nouvelle ère de prospérité pour l’Europe ! A l’opposé, le Parti communiste dénonçait déjà une construction européenne qui allait soumettre les peuples européens à la loi du fric. Aujourd’hui, le constat est là : au nom des critères de gestion européens, on réduit les services publics, on recule l’âge ouvrant droit à la retraite. Cette Europe de l’argent-roi, c’est 27 millions de chômeurs. Le quart de la population, soit 120 millions d’européens, est considéré comme pauvre. 18 millions bénéficient du programme d’aide alimentaire aux plus démunis. Près de deux millions d’exploitants agricoles ont disparu depuis 2002. La mise en concurrence des salariés est devenue un critère de gestion.

LDA : Qu'est-ce qui peut changer avec le vote du 25 mai prochain ?

JPC : Malgré le fiasco, les forces politiques qui ont fait la promotion de cette Europe sont toujours ultra-majoritaires au Parlement européen. Elles continuent, traité après traité, à nous envoyer dans le mur. Les choix alternatifs, comme ceux proposés par le Front de gauche, sont étouffés. Les politiques menées nous sont présentées comme les seules possibles. Le 25 mai, en élisant de nombreux députés européens issus des forces du Parti de la gauche européenne (PGE), dont Alexis Tsipras, le leader de la gauche Grecque, sera le porte-parole, nous pouvons faire voler en éclat le consensus libéral qui lie le Parti socialiste, l'UMP, l'UDI, voire aussi, sur certains aspects, Europe-écologie/les Verts qui n'étaient pas opposés au traité de Lisbonne.

LDA : Comment mobiliser les électeurs ?

JPC : Les listes du Front de gauche permettent tout à la fois de sanctionner les champions de l’austérité en France et en Europe. Car c'est en fait la même politique. Ce que nous font subir Hollande et Valls est dicté par Bruxelles et approuvé par le PS, l'UMP et l'UDI à l'Assemblée nationale. Le gel des retraites et des prestations sociales ; le gel du point d'indice dans la fonction publique, la purge de 21 milliards d’euros pour la protection sociale dont le peuple va payer la facture, et le cadeau royal de 30 milliards au grand patronat : la meilleure façon d'exprimer son refus d'une telle politique qui a déjà fait preuve de son inefficacité est d'utiliser le bulletin Front de gauche le 25 mai prochain.

LDA : Quels seront les principaux axes de campagne du Front de gauche ?

JPC : Le refus de la soumission aux politiques libérales dictées par les marchés financiers. Le respect de la souveraineté populaire. Les parlements nationaux doivent recouvrir leurs compétences budgétaires et être associés aux processus d'élaboration des lois et des règles européennes. L'harmonisation sociale et fiscale afin d'éviter le dumping et les délocalisations. Mobiliser les immenses ressources disponibles dans les banques et les grandes entreprises européennes pour financer la relance sociale et écologique de l'activité. La Confédération européenne des syndicats a cette même volonté et demande la mise en place d'un programme d'investissement équivalent à 2% du PIB européen, ce qui créerait 11 millions emplois. L'Europe a bien su mobiliser mille milliards d’euros pour renflouer les banques !

Rédigé par CORNEVIN

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