BESANCENOT ENTRE GUEVARA ET FINDUS

Publié le 17 Février 2009

C’était samedi 7 février la seule après-midi de débat en séance plénière au congrès du NPA. Où les épigones de Besancenot n’avaient qu’une obsession : empêcher toute unité d’action aux prochaines élections européennes.

Ils sont allés jusqu’au bout de leur démarche et ont éradiqué toute velléité unitaire pour les élections européennes de juin prochain. Le contexte se prêtait pourtant admirablement à une liste unitaire, Front de gauche ou pas. Le PCF et le PG de Jean-Luc Mélenchon (ainsi que d’autres petits groupes) proposent cette unité et sont prêts à de multiples concessions pour ce faire ; un sondage intégrant la présence d’un Front de gauche recueillerait 14,5% des suffrages, ce qui lui permettrait de tutoyer le PS, voire de lui passer devant.

La campagne pour le non de gauche a déjà montré que l’action commune entre ces forces politiques était tout à fait possible. Il n’y a pas vraiment de divergence programmatique importante entre ces différentes forces politiques.

Un contexte favorable à l’unité

D’autant qu’au passage, parler de programme politique concernant le NPA est un abus de langage, tant les textes adoptés à St Denis par son congrès constitutif ressemblent davantage à un catalogue de revendications qu’à un vrai programme décrivant la société projetée et les moyens de l’imposer. les dirigeants trotskistes privilégient un seul schéma de stratégie de conquête du pouvoir : " un mai 68 qui réussit ", alors que beaucoup d’autres hypothèses pourraient être envisagées.

Pourtant, une bonne partie des troupes du NPA n’était pas hostile à une démarche unitaire. La grève du 29 janvier montre l’efficacité de l’unité d’action dans les luttes. Pourquoi ne pas la prolonger dans les urnes ?

Prétextes sectaires

Les dirigeants du NPA, qui tiennent absolument à une candidature Besancenot pour juin 2009 (avant celle de 2012), ont donc dû se triturer les méninges pour convaincre des délégués peu politisés, donc sensibles a priori à l’esprit d’unité, d’avaliser leur proposition sectaire. Ils ont déployé un incroyable argumentaire pour récuser toute démarche unitaire. Dont deux particulièrement succulents :


  1°) Les éventuels alliés du NPA devraient se prononcer en faveur d’une sortie du nucléaire. Sans parler du fond (on peut considérer que le nucléaire est la plus propre des énergies) cette condition est étonnante dans un courant qui n’a jamais fait de l’écologie son cheval de bataille : voici encore trois ans, les responsables de la LCR considéraient que la question nucléaire relevait d’un débat qui pourrait donner lieu à référendum. Mais pour éviter toute campagne commune avec le PCF, il était, en effet urgent, de devenir des Khmers verts...

  2°) Pour faire bonne mesure, les responsables du NPA insistaient également sur la nécessité d’inscrire une alliance électorale dans la durée, c’est-à-dire de bâtir un accord qui concerne aussi les élections régionales de 2010 et les élections de 2012, présidentielle et législatives. Le meilleur moyen, en fait d’éviter toute possibilité d’alliance avec le PCF, tributaire du PS pour ces différents scrutins.

Cet argumentaire sectaire sur le fond était servi par un esprit des plus unitaires puisque les porte parole de la besancenie assuraient les militants de leur volonté de se bagarrer pour une unité anti-capitaliste. En réalité, ils n’ont aucune intuition de la façon dont la crise actuelle pourrait déboucher sur un processus révolutionnaire. Ils n’ont pas non plus réfléchi sur la façon dont l’histoire de l’Europe montre une interaction entre luttes sociales et luttes électorales. Ce qui leur importe est de vendre de l’inédit à leurs troupes : un poupon guévariste à la place d’un vieux grigou trotskiste, un mouvement social contre le vieux mouvement ouvrier, des razzias en supermarchés contre la lutte patiente contre la vie chère, etc.

Voulez-vous la vérité ? Elle se déduit aisément de ces désolantes dénégations. Besancenot et ses amis se fichent comme d’une guigne de construire une force politique et électorale puissante à la gauche du PS. Leur raisonnement est celui d’entrepreneurs politiciens : enivrés par les perspectives que leur promettent les sondages, ils ne veulent ni du pourvoir ni même de la révolution (à laquelle ils ne sont d’ailleurs nullement préparés). Ils souhaitent simplement conquérir des parts de marché et imposer la marque NPA à hauteur de 10 à 15%. Comme n’importe quel patron de grosse PME de l’agro-alimentaire.

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