Nous sommes tous des Antillais

Publié le 16 Février 2009

Serait-il plus aisé d’aller à Bagdad que de se rendre à Gandrange ? Est-il plus urgent de réintégrer le commandement militaire intégré de l’OTAN que de prendre en compte les revendications sociales d’îles en révolte ? Questions pour la forme. Toute la semaine, le chef de l’État y a déjà répondu. Pour lui, c’est oui. Le retour piteux d’un secrétaire d’État « recadré » en urgence puis encadré de deux missi dominici est censé envoyer un message clair : le gouvernement se lave les mains de la situation des Guadeloupéens. Et de millions d’autres.

Derrière la rodomontade percent une nouvelle atteinte à la dignité, un degré de plus dans le mépris, perçus comme tels par ces dizaines de milliers d’hommes, de femmes, jeunes et vieux, qui se mobilisent depuis maintenant plus de trois semaines. Le pari sur le pourrissement d’un mouvement pour éviter la contagion est déjà perdu. D’abord à la Guadeloupe, parce que les revendications qu’y porte le mouvement social en cours viennent de loin, que l’attachement aux hausses de salaire pour tous y est plus ancré, entre les 28 % de chômeurs officiels que compte l’île et le constat partagé ailleurs des profits engrangés par une minorité et du pouvoir d’achat réel de la majorité. Ne chantent-ils pas à l’endroit de la minorité d’accapareurs néocoloniaux qui les étranglent avec la complicité du gouvernement : « A Gwadeloup a patayo / Yo péké fé sa yo vlé / Adan péyi annou » (La Guadeloupe n’est pas à vous / Vous ne pourrez plus faire ce que voulez / Dans ce pays qui est le nôtre) ? Ensuite parce que la colère s’étend désormais à la Martinique voisine, reprend en Guyane, s’amorce à la Réunion. Les inégalités sociales poussées à un point d’incandescence inégalé en métropole, alliées à un mépris raciste, en sont le terreau.

Rédigé par jp Cornevin

Publié dans #Politique nationale

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