LA VERITE SUR STRASBOURG

Publié le 6 Avril 2009

 


par Pierre Laurent, coordinateur national du PCF

 

Que l'on ait vécu les événements de Strasbourg de près, avec douleur et colère, comme ce fut mon cas avec des milliers d'autres manifestants pacifistes, ou qu'on les ait suivis de loin par télévision interposée, il me paraît impossible de laisser courir sans réagir le mensonge gouvernemental et médiatique qui a été spectaculairement mis en scène tout au long du week-end.

Ce mensonge, on pourrait le résumer ainsi: tandis que les chefs du monde capitaliste, Barack Obama, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en tête célébraient la paix et la naissance d'un nouveau monde sous l'égide du G 20 et de l'OTAN, Strasbourg était livrée à la violence aveugle de hordes de militants baptisés « anti-OTAN » par la plupart des bulletins d'information.

Il importe donc de rétablir la vérité qui est tout autre.

Un mot d'abord sur le déroulement de ces évènements, en réalité très bien contrôlé par les autorités. Depuis des semaines, tout était fait pour entraver le bon déroulement de la manifestation pacifiste prévue. Les autorités ont multiplié les entraves à son déroulement normal et pacifique. A l'approche du sommet, un dispositif  policier démesuré a été mis en place dans Strasbourg, prenant littéralement en otage la vie quotidienne des habitants. Le jour même, les manifestants accédaient à une ville en état de siège, hérissés de barrages policiers à tous les coins de rue. Les contrôles d'identité étaient omniprésents, dès la gare de l'Est à Paris. Des dizaines de cars de militants pacifiques ont été empêchés d'accéder au lieu prévu de la manifestation. Les accès à ce lieu ont été bouclés des heures durant, multipliant les points de tension devant ces barrages, à partir desquels les forces de l'ordre ont usé sans retenue de bombes lacrymogènes pendant plusieurs heures. Le rassemblement des manifestants n'a en fait jamais pu se réaliser, certains entrant dans une souricière policière aussitôt refermée derrière eux, tandis que les autres restaient à l'extérieur du dispositif, sans parler des pacifistes allemands qui ne purent jamais nous rejoindre. Nous avons assisté à une interdiction de fait de la manifestation prévue, au mépris de la sécurité de toutes celles et ceux qui y participaient.

 

Ensuite, il est évident que la provocation policière n'a été rendue possible que grâce aux agissements  de groupes ultra-violents, dont la responsabilité est lourdement engagée. Paraît-il bien connus des services de police, ils étaient subitement insaisissables. Il faudra par exemple nous expliquer comment plusieurs incendies successifs ont pu être allumés par ces groupes à deux pas des CRS en surnombre. C'est la question que se posent avec juste raison les habitants de ce quartier. Les militants pacifistes que nous sommes condamnent fermement ces violences, qui ont permis aux dirigeants de l'OTAN de s' accaparer une image de paix à rebours des images de violence diffusées. D'autant qu'au delà du sommet de l'OTAN , ces violences sont un fier service rendu à Nicolas Sarkozy, pour qui toute image susceptible de criminaliser l'action collective, tombe en ce moment à point nommé.

Enfin, et c'est presque le plus important, la mise en scène des violences de Strasbourg sert à cacher  le contenu des graves décisions prises par le sommet de l'OTAN. Non, ce n'est pas le club de la paix qui s'est réuni à Strasbourg, c'est le club des pays capitalistes les plus riches, qui sous la tutelle américaine, fusse-t-elle incarnée par un Barack Obama au sourire de rock-star, organise sa domination militaire sur le monde. C'est, dans le même mouvement, un alignement historique de toute l'Europe, qui consacre ainsi la subordination de toute doctrine militaire européenne à la stratégie de l'OTAN. C'est enfin l'abandon par la France, via la réintégration du commandement militaire intégré, d'une voie originale dans le monde. Ce n'est pas un hasard si le sommet de l'OTAN a suivi celui du G 20. Le capitalisme en crise cherche les moyens de relancer sa domination. Ce n'est pas un nouveau monde qui émerge mais un capitalisme plus dangereux encore, à l'inverse de tout ce que les peuples de la planète seraient aujourd'hui en droit d'attendre pour résoudre la crise. Oui, la vérité sur Strasbourg reste plus que jamais à dire.

 

Publié dans #Politique nationale

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